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A Taïwan, une fiction pour préparer les esprits à une invasion chinoise

Un jour de mars ou d’avril d’une année non définie. La présidentielle a eu lieu il y a peu à Taïwan, un démocrate s’apprête à succéder à un libéral. En cette saison de flottement politique, les courants marins aussi sont favorables au déclenchement d’un débarquement militaire. Soudain, l’Armée populaire de libération chinoise annonce avoir perdu le contact avec un de ses avions, un Shaanxi Y-8, qui survolait le sud du détroit. Prétextant la recherche en mer d’éventuels aviateurs survivants, la Chine impose un blocus total à l’île, de fait indépendante mais que Pékin considère comme l’une de ses provinces.
Les ordres de conscription parviennent chez les jeunes Taïwanais. Sur les réseaux sociaux, les fake news vont bon train, annonçant que la Chine a déjà conquis des îlots, rapidement abandonnés par l’armée taïwanaise, et que le président a pris la fuite. La guerre psychologique a commencé. Une influenceuse prochinoise, tout en vendant de la crème glacée en ligne, lance à ses followers : « Ceux qui vous demandent de résister sur le champ de bataille se fichent de vos vies », intimant à la population taïwanaise de se résoudre à la paix de Pékin.
Le blocage total des navires de commerce met l’économie à l’arrêt, dans un pays qui exporte l’essentiel des puces électroniques de dernière génération. La panique saisit les marchés financiers, les cours de la tech s’­effondrent, avec des répercussions mondiales. Les habitants de l’île se ruent sur les distributeurs de ­billets, puis, bientôt, dans les rayons des supermarchés.
Dans le chaos, les triades achetées depuis longtemps par la Chine font libérer leurs hommes de main des prisons. Ils forment des groupes de collabos du régime chinois, qui affrontent à des check-points nouvellement érigés les partisans défendant l’île, ses valeurs, sa démocratie. Les virus des ­hackeurs et des opérations de sabotage entraînent des coupures d’eau et d’électricité. Dans une adresse télévisée solennelle, le président sortant appelle à l’unité et à la résistance : « Sans liberté, Taïwan n’est pas Taïwan. » Quand la marine taïwanaise interroge un survivant de l’avion chinois qu’elle a sauvé en mer, elle comprend que l’explosion venait de l’intérieur de l’appareil, et que l’opération a été montée de toutes pièces pour préparer le terrain, une semaine avant la véritable invasion, le « jour zéro ».
Ce scénario noir n’est encore qu’une fiction de dix épisodes – confiés chacun à un réalisateur différent –, mais avant même sa pleine diffusion, prévue pour 2025, elle fait grand bruit à Taïwan, dans un contexte de tensions croissantes avec la Chine. La série Zero Day raconte cette semaine où le pays sombre dans la guerre. La seule présentation d’une bande-annonce au long cours, fin juillet, a déclenché une polémique très politicienne. Le trailer de dix-sept minutes a depuis été visualisé plus de 1,7 million de fois sur YouTube.
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